Une fois le cordon éthylique coupé, je suis relâchée dans la nature… sans alcool, avec un mode d’emploi, soit le programme des [shal]AA[/shal].

Le cordon éthylique, c’est ce qui a relié mon corps à cet être vivant, manichéen et sournois : l’alcool. Impossible de le couper avant d’avoir suffisamment souffert, écrasé mon corps et mon esprit contre des rocs d’humiliation. J’ai eu beau lutter, l’ignorer, feindre qu’il était absent, il émoustillait ma soif d’alcool jamais étanchée. Circonstances professionnelles, contexte festif, constat pathétique sur mon esseulement chronique… le cordon n’oubliait pas de tirer son infernal rappel, de me traîner dans les bas-fonds les plus sordides. Illusions, désillusions, attente de la petite et irréversible mort. Le spleen tout entier envahissait mon être jusqu’au jour où la lumière (divine ?) a laissé s’échapper un ciseau magique… le ciseau a ciselé sans concession aucune le cordon, jeté aux oubliettes de mon histoire. Le cordon est malin, il peut repousser… pour aujourd’hui, je bloque cette repousse. Je retrouve mon unicité, ma liberté sous la houlette des intentions éclairées d’une entité supérieure.

Il existe des millions de cordons sur Terre. Ils entretiennent une inter-dépendance farouche, hystérique et malsaine avec le corps qu’ils possèdent.

En rapport avec l’assertion précédente, j’ai relevé cette citation dans le blog d’un écrivain alcoolique Déboires : «La dépendance […] un moyen d’assouvir seul ses besoins les plus intimes. La dépendance apparaît alors, paradoxalement, comme la conséquence d’une recherche effrénée d’indépendance vis-à-vis des autres : la substance est un substitut avec lequel l’individu cherche à se sevrer sur le plan relationnel […].» Marika Moisseeff, anthropologue et psychiatre.

Agnès